En Afrique de l’Ouest, le projet de Réseau Bretagne Solidaire (RBS) soutient le développement de 11 Fablabs. Ces ateliers d’un nouveau genre portent la promesse d’une production inclusive pour de nombreux types d’équipements, y compris du matériel médical. Qui sont ces Fablabs, que font-ils et quels sont leurs moyens et objectifs ? Rencontre avec l’équipe du Fablab Xam Xam au Sénégal.

Une activité développée pendant la crise Covid

Le Fablab est à Rufisque, une petite ville d’environ 150 000 habitants situé à une trentaine de kilomètres de Dakar. Le laboratoire Xam Xam, qui signifie “connaissance” en wolof, est installé dans les locaux des éclaireurs du Sénégal. Une grande salle accueille des équipements informatiques assez récents, dans l’attente de nouveaux matériels fournis par le projet RBS du programme DIRECCT.

MBakhane Diop, le directeur du FabLab nous reçoit et explique : « On a créé ce Fabalb pendant la période du Covid, puis on a tout de suite mis en place des formations ». El Hadji Daouda Diagne, le Fab manager complète : « Quand nous allons recevoir le matériel, la découpe laser et la machine pour la sérigraphie que vont nous apporter le projet RBS et DIRECCT, nous allons travailler sur la santé. Nous avons déjà rencontré une association d’handicapés, qui ont des problèmes avec leurs prothèses et nous allons pouvoir les aider. Également nous allons travailler sur des prototypes et sur des équipements dont les hôpitaux ont besoin ». À terme, ces nouveaux matériels permettront d’apporter une réponse locale à des problèmes de santé, renforçant ainsi la résilience des populations. Et, pour arriver à ce stade, la formation est une composante absolument indispensable.

Ici, El Hadji Daouda Diagne présente le matériel du Fablab :

 

La formation au cœur du Fablab.

MBakhane Diop : « Ici, nous recevons tout le monde, toute personne de tous âges, toute origine, sans discrimination. Nous avons déjà formé une centaine de personnes. »
La formation est adaptée au type de public et elle est conçues en fonction des connaissances et capacités des apprenants. Ces formations vont de l’apprentissage des premières manipulations d’un ordinateur à, pour les plus aguerris, la maintenance des outils numériques.

Ici, El Hadji Daouda Diagne, décrit les formations dispensées par Xam Xam

 

Madame Bass Thiam est éducatrice sociale à Rufisque, elle a commencé les premières étapes de formation il y a quelques semaines : « J’avais entendu parler du Fablab et j’avais envie de travailler mais je n’avais aucune connaissance en informatique, ni aucune maîtrise de ces machines. Je suis venu ici et j’ai appris à manipuler la machine, c’est une opportunité pour moi. Ce qui est important aussi, c’est que, dans notre pays, toutes les formations sont payantes et ici, on a eu la possibilité d’apprendre quelque chose gratuitement. C’est vraiment une opportunité. »
Fabrication d’un logo avec une imprimante 3D :

Quelle pérennité ?

La question de la durabilité économique est au cœur de la viabilité de ces Fablabs. Comme d’autres laboratoires de ce nouveau genre, Xam Xam a bénéficié de dons et d’appuis financiers et techniques pour créer l’atelier et s’équiper en matériel. Mais ensuite, sur quels fonds et quel modèle économique les Fablabs vont-ils poursuivre leurs activités ? Pour le directeur de Xam Xam, l’atelier ne peut pas créer directement des emplois mais il met le matériel à disposition aux apprenants pour qu’ils cherchent eux-mêmes à développer leurs propres activités avec l’objectif de reverser une partie à l’atelier.

Ici, MBakhane Diop, directeur du centre explique la stratégie du Fablab :

 

Chercher de nouveaux marchés

Les deux nouvelles machines que va recevoir le Fablab vont leur permettre de développer leur activité. Mais, au-delà des capacités techniques, l’atelier a également besoin de se faire connaître car ce type de service est encore naissant et très peu connu. L’équipe de Xam Xam développe la visibilité de l’atelier, notamment en organisant régulièrement des journées portes ouvertes pour montrer les capacités et possibilités qu’offre le Fablab. Le Fablab doit donc s’ouvrir à de nouveaux clients et être capable de fournir des pièces de qualité « Aujourd’hui, le mécanicien du quartier ne sait pas encore qu’il peut venir ici faire faire des pièces ici. La plupart des pièces auto sont en plastique aujourd’hui et aucun artisan n’est capable de construire une pièce en plastique avec des cotes très précises et fines. Nous, on sait le faire avec des imprimantes 3 D. On peut la fabriquer en 4 ou 5 heures, c’est mieux, pour lui, que de passer 4 ou 5 jours à chercher la pièce qu’il risque de ne jamais trouver », explique El Hadji Daouda Diagne, le Fab manager.

Potentiellement, l’atelier peut fournir des services financièrement très compétitifs et ainsi permettre à de jeunes hommes et femmes de développer une activité économique indépendante. En parallèle, il sera en mesure de fournir des équipements médicaux à moindre coût, conçus et fabriqués localement.