L’Agence française de développement (AFD) lance le programme DIRECCT (Digital Response Connecting Citizens) pour accompagner les secteurs de l’éducation, de la santé et les petites entreprises à adopter des pratiques numériques, afin de limiter l’impact des pandémies. Dans ce programme conduit avec ENABEL, l’agence de coopération belge, l’intégration des questions de genre est au cœur de ces pratiques.

Depuis février, le cabinet Perfégal aide ainsi des porteurs de projets numériques à prendre en compte l’égalité femmes-hommes dans leurs actions.

C’est un projet novateur. Le programme DIRECCT intègre certes les questions d’égalité femmes-hommes dans le secteur du numérique, mais prend surtout en compte le genre dès la conception des projets.

« Il s’agit d’une démarche exemplaire. Nous avons pu guider les partenaires dès le début, à des moments clés de leur projet, sur de l’opérationnel. Lors de l’analyse de leurs besoins par exemple, ou lors de l’évaluation des compétences en matière d’autonomie numérique. Nous avons même pu intervenir sur les termes de références. Nous avons pu intégrer dans les études la production de données sexuées et la réalisation d’analyses différenciées, où l’on prend en compte le genre dans l’évaluation des besoins », détaille Isabelle Gueguen, co-dirigeante de la SCOP Perfégal, spécialisée en égalité femmes-hommes. Le cabinet a accompagné 14 porteurs de projets en les formant et en élaborant avec eux un plan d’action genre.

Cette prise en compte en amont de l’égalité femmes-hommes est en effet nécessaire, en particulier dans le secteur du numérique.

« Dans ce domaine il existe des inégalités d’adoption d’usage, d’accès aux équipements, de positionnement dans les structures de gestion de cette transition numérique. On constate partout que les hommes sont les premiers à se saisir des outils numériques, du téléphone portable et de tout ce qu’on peut faire avec, provoquer des opportunités professionnelles, étendre son réseau », rappelle Gwenaël Prié, responsable de l’équipe digitale au sein de l’AFD jusqu’en décembre 2022.

S’approprier les outils du numérique

Chaque porteur de projets numériques, répartis sur une vingtaine de pays, dispose donc désormais d’un plan d’action précis, sur la situation réelle dans laquelle il intervient. « Ce travail est nécessaire. Il y a une multitude de bénéficiaires concernés par les questions de genre. Oxfam par exemple s’adresse à des groupements d’intérêts économiques (GIE) essentiellement composés de femmes. Les GIE s’intègrent dans un ensemble social et évidemment la question du genre y est principale. Au-delà du principe d’égalité, il y a la question de l’efficacité. Les femmes doivent être en mesure de s’approprier les outils qui leur sont donnés, et doivent pouvoir être responsables de leurs activités », explique Éric Mounier, responsable de la communication et de la capitalisation pour le programme DIRECCT.

La place des femmes dans les Fablab

Aujourd’hui, les questions d’égalité femmes-hommes sont donc une préoccupation majeure non seulement de l’AFD, mais aussi de l’Union Européenne, qui finance ce programme. « Certains projets étaient déjà tout à fait convaincus de cette nécessité et d’autres n’y avaient pas forcément pensé ou ne savaient pas trop comment s’y prendre. Finalement, tout le monde s’y est mis avec le soutien de Perfégal », indique Gwenaël Prié, de l’AFD.

Un travail qui mènera notamment à la diffusion d’un webinaire sur la place des femmes dans les Fablab*, en mars 2023. Ce séminaire en ligne est organisé par Perfégal, avec le réseau Bretagne Solidaire et le réseau des Fablab ouest-africains et français. L’objectif du projet financé par le programme DIRECCT est d’aider les Fablab à créer des prototypes de masques et de respirateurs, via des imprimantes 3D, en recyclant des plastiques usés. « Avec l’approche genre, nous avons questionné l’accès des femmes aux Fablab, l’accès des femmes aux activités proposées activités et la place des femmes dans la filière de tri et de valorisation des plastiques qui sont une matière première pour les imprimantes 3D », précise Isabelle Gueguen, de Perfégal.

* Un Fablab est un atelier mettant à la disposition du public des outils de fabrication d’objets assistée par ordinateur.

Aurélie Fontaine

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