A l’occasion de la 15ème édition des journées Européennes du Développement, Escipión Joaquín Oliveira Gómez, Secrétaire général adjoint en charge du département de la transformation économique structurelle et du commerce de l’Organisation des Pays d’Afrique des Caraïbes et du Pacifique, évoque les enjeux de la digitalisation pour les pays ACP. L’OEACP contribue à la mise en œuvre du programme DIRECCT avec l’AFD et Enabel pour favoriser la résilience des pays au Covid-19 dans les domaines de la santé, de l’éducation et du développement économique.

Nous sommes aujourd’hui à la 15ème édition des Journées Européennes du Développement. Qu’attendez-vous de cette rencontre ?

Ce que je remarque, c’est l’envie des gens de se rencontrer. Pendant deux ans, nous avons travaillé sur nos projets de développement par le biais du numérique, mais aujourd’hui nous avons tous conscience de l’importance du contact humain. Pouvoir discuter en face à face avec des partenaires que nous n’avons pas vus depuis des années est très important. Nous avons constaté que, même si les outils digitaux sont excellents pour établir et maintenir le lien entre régions à faible coût, le contact humain reste important dans les relations de développement.

Pourquoi l’OEACP a-t-elle voulu mettre en place le programme DIRECCT ? 

Nous avons été créés, parmi d’autres, pour promouvoir l’intégration de nos pays dans le marché mondial et pour contribuer à éradiquer la pauvreté. Nous sommes donc très honoré de collaborer pour le D4D Hub avec Enabel, l’Agence Française de Développement et l’Union européenne, à faire en sorte que nos entreprises, les secteur éducatifs et le secteur médical de nos pays puissent s’appuyer sur le digital pour se développer.

Avec DIRECCT, nous avons créé un programme très ambitieux pour aider nos pays à se remettre de la pandémie de Covid19 en soutenant la numérisation du secteur de la santé, du secteur de l’éducation et aussi des PME.  Nous sommes donc très fiers d’être associés à cette initiative.

Selon vous, comment les pays du Sud doivent-ils gérer leur développement numérique ?

Nous ne devons pas nécessairement suivre les mêmes étapes de digitalisation que les pays européens et les États-Unis qui ont développé et adopté les technologies l’une après l’autre. Je pense qu’il faut plutôt adapter notre digitalisation à nos besoins spécifiques. Dans beaucoup de nos pays, le coût d’internet est assez élevé et représente un véritable obstacle à notre compétitivité. Nous devons donc trouver des solutions (systèmes de compression de fichiers…) afin de payer moins cher pour communiquer. La coopération avec l’Europe est très importante dans ce domaine et pour trouver des moyens de s’adapter. Je pense que ce type de technologies sera aussi intéressant dans des endroits en Europe où il y a moins d’accès à l’internet, peut-être dans certains territoires européens du Pacifique ou des Caraïbes et aussi dans les parcs nationaux où souvent vous n’avez pas d’antenne. Pour être compétitifs, nous devons vraiment travailler, peut-être par le biais d’un partenariat entre le secteur public et le secteur privé, pour investir davantage dans le domaine des télécommunications afin d’atteindre une masse critique qui permette de réduire les coûts.