Le programme DIRECCT appuie onze fablabs sur le continent africain à travers le projet Makers Nord-Sud. Le Réseau Bretagne Solidaire (RBS) et le Réseau Francophone des Fablabs d’Afrique de l’Ouest (ReFFAO) s’associent pour leur permettre d’acquérir le matériel et les machines nécessaires à la fabrication d’équipements de santé (visières, distributeurs de gel hydroalcoolique…).
À terme, le projet Makers Nord-Sud doit permettre aux fablabs de renforcer leur autonomie, d’accroître leur résilience et de réduire leur impact environnemental : grâce à une machine adaptée, les déchets plastiques peuvent être recyclés et réutilisés par les imprimantes 3D.

Diarra Sylla est un exemple de réussite féminine dans un environnement très masculin. Fondatrice du premier FabLab mauritanien, Sahel Fablab, elle s’appuie sur la technologie pour résoudre des problèmes concrets.

Pouvez vous vous présenter ?

Je suis ingénieure en télécoms et entrepreneuse digitale. J’ai étudié au Maroc puis au Sénégal. Au cours de l’un de mes stages, j’ai eu l’opportunité de découvrir le premier fablab sénégalais : je rêvais d’un espace de travail, qui soit aussi laboratoire, étant passionnée de nouvelles technologies. C’est donc inspirée par cet exemple, que j’ai voulu créer un espace où les jeunes pourraient se former à différentes technologies en les pratiquant. J’ai gardé en tête ce projet pour mon retour en Mauritanie.

Qu’est-ce qui vous a décidée à créer votre fablab ?

C’est en 2014, après avoir participé à la 5ème édition du forum Innov’Africa, à Lomé, au Togo, avec d’autres jeunes innovateurs que j’ai décidé de créer un Fablab qui, dans un second temps, serait capable d’accompagner plusieurs projets, comme incubateur. J’ai alors créé l’association InnovRIM, pour porter Sahel Fablab.
Je suis rentrée en Mauritanie début 2015 et j’ai pu y réunir quelques jeunes, au début en leur proposant de la formation informatique.
Puis un financement de l’Union européenne dans le cadre du projet « Jeunesse et Pouvoir d’Agir » (JPA) nous a permis de donner un coup d’accélérateur au fablab : nous avons acquis du matériel, élargi notre réseau et établi de nouveaux partenariats.
Aujourd’hui nous accompagnons des jeunes dans leurs projets notamment grâce au mentorat et à des formations professionnelles.

Selon vous, quelles sont les missions et objectifs spécifiques aux fablabs ?

InnovRIM avait pour objectif de mettre en place le fablab et de délivrer des formations aux étudiants déscolarisés et aux entrepreneurs désireux de se former en informatique.
Depuis cinq ans, grâce à des partenariats avec des associations spécialisées dans l’insertion professionnelles, de nombreux jeunes ont pu être formés et la demande continue d’augmenter.
Un fablab est un lieu de prototypage : il cherche à répondre à des besoins très précis. Par exemple, pendant la crise du covid, le fablab a développé des distributeurs automatiques de gel hydroalcoolique qui ont été distribués à plusieurs hôpitaux. Ça a été réellement apprécié.
Qu’envisagez-vous pour les années à venir ?
Aujourd’hui, InnovRIM a 7 ans, et nous passons à une autre étape : celle de l’incubation. Nous accompagnons une coopérative féminine en l’appuyant pour le développement d’une plateforme commerciale web et mobile.