Dans le cadre du programme DIRECCT, financé par l’Union européenne, l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) et le Réseau de Recherche et d’Éducation d’Afrique Centrale et Occidentale (WACREN), en collaboration avec l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF), ont lancé le projet Africa Digital Campus. Le but de cette initiative est de renforcer la capacité des universités dans les pays d’Afrique de l’Ouest, en particulier au Burkina Faso et au Bénin, à offrir des cours à distance. Ce projet a été créé pour assurer la qualité et la continuité de l’enseignement supérieur et de la recherche, en réponse à la crise sanitaire causée par la pandémie de Covid-19.
Au Bénin, l’INSTI (Institut National Superieur De Technologie Industrielle de Lokossa) s’engage depuis le Covid-19 pour développer le e-learning et former ses professeurs à l’enseignement à distance.
“Avant la crise du Covid, nous n’exploitions pas le e-learning. C’est justement cette crise qui nous a permis de prendre connaissance de cette forme d’apprentissage. Il faut continuer à travailler sur la méthode du e-learning, non seulement pour prévenir d’éventuelles autres crises mais aussi pour se rapprocher de l’apprenant, pour que tous les élèves puissent bénéficier d’un suivi un peu plus rapproché.” déclare le Dr Godonou, Ingénieur en génie civil et professeur à l’INSTI de Lokossa.
L’accès au réseau et le renforcement des compétences, enjeux majeurs du projet
Pour parvenir à renforcer durablement la digitalisation de l’INSTI, le projet ADC agit sur plusieurs axes :
– Sur le E-learning, pour renforcer l’offre de formation en ligne des deux structures bénéficiaires ;
– Sur les Infrastructures et Équipements, pour fournir aux enseignants et aux étudiants un accès à la plateforme d’apprentissage en ligne de l’université avec un débit suffisant ;
– Sur le partage de connaissances, pour échanger sur les expériences et bonnes pratiques entre structures d’enseignement supérieur et de recherche proposant une offre e-learning.
Parmi les enjeux soulignés par les enseignants, l’accès à un réseau fiable et à des infrastructures de qualité mais également le manque de compétences dans l’élaboration de cours e-learning fragilisent leur capacités à dispenser un enseignement de qualité à distance, comme en témoigne Abel Konnon et Fifa T. Diane Bothon, maîtres de conférence à l’INSTI Lokossa :
“Nous avons rencontré diverses difficultés au cours de la production et de l’implémentation de ces cours en ligne : d’abord, il y a un problème de disponibilité de l’enseignant. Nous sommes enseignants chercheurs, c’est à dire qu’on donne des cours mais qu’on fait également de la recherche, il faut donc réussir à dégager le temps nécéssaire à la production de ces cours là. Deuxième point, l’accès à la plateforme, et troisième point, la connectivité et la qualité du réseau selon le lieu de résidence de l’enseignant.”
L’éducathon, trois jours de formation pour accompagner les enseignantsau plus près de leurs besoins
Pour surmonter ces difficultés, le projet ADC a mis en place plusieurs formations et évènements, dont l’éducathon : “Il s’agit d’un marathon de construction de cours; le projet ADC a mis en place des éléments de motivation à travers des prix pour pouvoir faire encore qu’il y ait une émulation au niveau de l’ensemble des participants et qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes” explique le Professeur Claude Lishou, expert de l’ISFAD.
“Ces trois jours ont permis à ces enseignants qui éprouvaient des difficultés à plusieurs niveaux de renforcer leurs compétences, de pouvoir en tirer un maximum de profit par l’assistance personnalisée offerte par les encadrants pour essayer de corriger ce qu’il y avait à réajuster et pour gagner en efficacité.” témoigne Abel Konnon, Maître de conférence à l’INSTI Lokossa
Les accompagnateurs externes du projet ne tarissent pas d’idées pour améliorer la prestation des universités africaines en matières de e-learning : leur objectif est de rendre l’enseignement supérieur accessible à tous.
” Nous avons environ 135 enseignants qui sont formés et qui sont capables aujourd’hui de déployer à distance un enseignement de qualité. Les formations sont venues à point nommé, elles nous permettent de renforcer notre niveau pédagogique : ces formations sont très pratiques, nous avons la possibilité de l’appliquer en direct et de nous faire corriger par nos pairs et par les formateurs, ce qui nous permet de nous ajuster. On applique au fur et à mesure et on apprend d’avantage. Nous avons compris que nous devions axer nos enseignements sur les apprenants : autrement dit j’enseigne, mais est-ce que les apprenants apprennent ? “ – Dr Godonou, Ingénieur en génie civil et professeur à l’INSTI de Lokossa.
