Du 14 au 16 mars 2023 s’est tenu l’atelier de capitalisation à Dakar (Sénégal), co-piloté par Enabel, Expertise France et Oxfam, sur le thème de la digitalisation comme levier de la production agricole. A cette occasion, Expertise France a mandaté Mandiaye NDAO, ingénieur, comme facilitateur tout au long de l’événement, avec l’objectif de susciter des débats sur l’impact de la digitalisation sur la productivité agricole, d’échanger sur de nouveaux outils de digitalisation, et sur les stratégies de diffusion de ces nouveaux outils dans les pays d’intervention.

Le numérique comme levier de productivité et de réponse aux crises.

Ces ateliers de capitalisation se sont déroulés sur trois jours, durant lesquels les maitres-mots étaient le renforcement des capacités internes et l’amélioration de la productivité agricole via la digitalisation. Se sont réunis quarante représentants issus de 7 pays différents répartis en Afrique, aux Caraïbes, dans le Pacifique et en Europe, et de différents horizons : Chambres de Commerce, administration et finance et secteur agricole.

Au long des ateliers, les participants ont débattu des problématiques, impacts et solutions de digitalisation sur les différents maillons de la chaîne de valeurs agricoles. Ils également évoqué plus concrètement l’usage, sur le terrain, des outils digitaux par les différents acteurs du secteur agricole : accès au marché, prix de vente, prix d’achat des intrants.

Visites de terrain : les usages agricoles de la digitalisation

Trois visites de terrain à différentes échelles ont ensuite été conduites.  La présentation concrète de projets a permis aux participants de prendre conscience de différents éléments fondamentaux pour promouvoir les usages digitaux dans le monde agricole, parmi lesquels on peut noter 1) l’importance de l’implication des différents acteurs (agriculteurs, implémenteurs, bailleurs) dans la construction collaborative des projets, mais aussi la dépendance financière de l’écosystème aux financements internationaux ; 2) l’importance stratégique des données lorsque l’on utilise les outils digitaux (collecte et agrégation de données, ouverture et appropriation des données, cartographie,  interopérabilité) ; 3) le soutien nécessaire aux agriculteurs dans cette phase d’équipement digital, via un soutien public direct (subventions) ou des facilités de crédit.

Les participants ont pu visiter Yeesal Agri Hub, le premier agritech hub au Sénégal. Son objectif : accompagner l’entrepreneuriat innovant en agribusiness, agrictech ou économie verte. La visite de Yeesal a permis de présenter Tolbi, une plateforme numérique incluant des données facilitant des décisions optimales en matière de fertilisation, d’irrigation et de traitements phytosanitaires. Par exemple, les participants ont pu voir la manière dont les agriculteurs font usage d’informations climatiques via un réseau de partage de données climatiques pour optimiser l’arrosage et, par conséquent, améliorer les rendements..

A la suite des présentations théoriques et des visites de terrain, les participants ont réalisé un état des lieux de leurs avancées et problématiques respectives. Par le biais d’un sondage interactif, les participants ont pu capitaliser de manière digitale sur les questions soulevées durant tout l’événement. Le but : que chaque pays puisse s’approprier, vulgariser et partager les différents enseignements.

La technologie centrée sur l’humain : une approche sur le secteur agricole

Cette ambitieuse thématique est au cœur du programme DIRECCT : le numérique doit être au service des utilisateurs, des agriculteurs, et non l’inverse. De fait, les projets présentés ont tous mis en place des outils numériques parfaitement adaptés aux besoins réels des producteurs.

Pour Mandiaye NDAO « Le digital est un outil de travail s’appliquant à toutes les étapes du processus, en outre de son usage en matière de commercialisation des produits, il sert également à la préparation des campagnes, l’ensemencement, le suivi des cultures, les récoltes, les systèmes de stockage et les transformations. Le numérique n’est pas un secteur, c’est une manière de travailler. »

De très nombreuses initiatives voient le jour au Sénégal et dans d’autres pays africains pour explorer les solutions numériques. Même si la question de la durabilité des systèmes proposés est souvent posée, il n’en demeure pas moins que de l’ensemble de ces projets émergeront de véritables réussites qui donneront un nouvel élan à de nombreux producteurs.

Dès lors, comment digitaliser l’agriculture ?

Ces ateliers de capitalisation ont permis d’aborder la digitalisation selon plusieurs angles et approches dans le secteur agricole, en échangeant de manière concrète avec plusieurs acteurs du secteurs, tels que les startsups, les agriculteurs, et l’administration. Ces échanges ont permis de souligner l’importance de la technologie centrée sur l’humain, à savoir une approche impliquant les usages, les besoins concrets des utilisateurs, tout autant que l’impact à plus long terme des technologies sur les pratiques.